Les armes tuent l’éducation

Un tout récent rapport de l’UNESCO « La crise cachée : les conflits armés et l’éducation » rappelle que 28 millions d'enfants sont privés d’éducation en raison des conflits armés qui les exposent aux viols, aux violences sexuelles, à des attaques ciblées sur leurs écoles et à d'autres atteintes aux droits de l'homme. De 1999 à 2008, indique l’ouvrage, trente-cinq pays ont été en proie à des conflits armés. Les enfants et les écoles se trouvent en première ligne, car les salles de classe, les enseignants et les élèves sont considérés comme des cibles légitimes, observe-t-on. Et les séquelles d’un conflit se répercutent sur les taux d’alphabétisation. Selon l’étude, il n’y a que 79 % des jeunes et 69 % des adultes qui savent lire dans les pays touchés par un conflit, contre respectivement 93 et 85 % dans les autres pays.

L’UNESCO note que les conflits armés détournent les fonds publics de l'éducation au profit des dépenses militaires. Nombreux sont les pays les plus pauvres du monde qui investissent bien plus dans l’armement que dans l'éducation de base, fait-on remarquer. À titre d’exemple, poursuit-on, 21 États consacrent une plus grande part de leur budget à l'armée qu'à l'éducation de base ; si ces derniers réduisaient leurs dépenses militaires de seulement 10 %, 9,5 millions d'enfants supplémentaires pourraient être scolarisés. Mais, ajoute-t-on, les dépenses militaires détournent également les ressources des pays donateurs. Si ceux-ci n’allouaient que six jours de ces dépenses à l'éducation, ils pourraient obtenir les 16 milliards de dollars nécessaires à l’atteinte des objectifs de l'Éducation pour tous. Globalement, les dépenses militaires dans le monde se chiffraient, en 2009, à 1 531 milliards de dollars. 

L’UNESCO n’est pas non plus sans remarquer qu’une forme inadaptée d’éducation peut alimenter des conflits violents. L’éducation est capable d’être une force de paix, nous dit l’Organisation, mais, trop souvent, les écoles sont utilisées pour renforcer les divisions sociales, l’intolérance et les préjugés qui conduisent à la guerre. Aucun pays ne peut espérer vivre dans la paix et la prospérité s’il ne construit pas une confiance mutuelle entre ses citoyens, en commençant dans les salles de classe, affirme le rapport. Le leitmotiv de l’EIP, fondée en 1967, demeure toujours d’actualité : « Plus de crayons, moins de fusils ». 

UNESCO (2011).  « La crise cachée : les conflits armés et l’éducation »

http://www.unesco.org/new/fr/education/themes/leading-the-international-agenda/efareport/

Stockholm International Peace Research Institute (2010). « Armaments, Disarmament and International Security »

http://www.sipri.org/yearbook/2010/05

Association mondiale pour l’école instrument de paix (EIP). « Petite histoire d’une grande idée »

http://portail-eip.org/Fr/Presentation/Historique/index.html

Illustration tirée du site de l'UNESCO

http://www.unesco.org/new/typo3temp/pics/2f1035e6cd.jpg