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Les TIC, penser la fracture numérique
Lettre n°9, octobre 2003

 

Nous apprenions récemment que 98 pour cent des jeunes Britanniques de 14 à 22 ans inscrits à plein temps aux études utilisent l’Internet au moins une heure par semaine. Selon des résultats d’un sondage européen, conduit en 2001, sur l’utilisation des technologies de l’information et de la communication par les jeunes Européens, près de neuf jeunes Néerlandais sur dix (87 pour cent) ont dit utiliser un ordinateur personnel au moins une fois par semaine Pour sa part, Seymour Papert, du MIT (Massachusetts Institute of Technology) va même jusqu’à prédire que dans moins de dix ans, tous les enfants de la maternelle, aux États-Unis, auront un ordinateur portable. Au vu de ces quelques chiffres et prédictions, d’aucuns seraient portés à penser que la «Société de l’information et des communications» dont on parle tant est sur le point d’advenir. Mais qu’on ne s’y trompe pas : le décalage existe bien entre les écoles bien nanties et les autres. Et hors de l’établissement scolaire, l’utilisation des TIC  reste en bonne partie tributaire des revenus des familles. Ainsi, aux États-Unis, selon les données de 2001 émanant du Department of Commerce, 83 pour cent des jeunes âgés de 10 à 17 ans, dont les familles ont un revenu supérieur à 75 000 $, utilisaient l’Internet à la maison ; pour les revenus de moins de 15 000 $, le pourcentage tombait à 8 pour cent.

 

La maîtrise des TIC exige également plus que la simple possession d’un ordinateur connecté à la grande toile : la progression de l’Internet dans les foyers ne pourra donc pas égaler celles des autres médias tant que subsisteront d’importantes difficultés à maîtriser les outils techniques qui sont nécessaires à la consultation des informations, souligne-t-on dans un rapport remis récemment aux autorités françaises.

 

Dans un fiche pédagogique préparée par des ONG suisses et intitulée «Découvrir la fracture numérique», on signale qu’une personne sur 150 utilise l’Internet en Afrique, que le coût mensuel d’accès à l’Internet en pourcentage du revenu mensuel moyen est de 1,2 pour cent aux États-Unis et de 191 pour cent au Bangladesh et que près des trois quarts des utilisateurs d’Internet dans le monde avaient un revenu élevé contre moins de dix pour cent pour les personnes à faible revenu. «En dehors de la question des revenus qui limite l'accès de certains aux réseaux de communication et aux contenus, les niveaux d'alphabétisation et d'éducation constituent une limite à la maîtrise des outils et à l'échange de contenus. », précise-t-on.

 

La réduction des inégalités d’accès aux TIC est largement liée à une volonté politique allant dans le même sens. Mais cela suppose, comme l’écrit le Caucus droits de l’homme dans la société de l’information, que l’on reconnaisse et affirme que l’information, ses moyens de production, d’administration et de diffusion, sont des biens communs envers lesquels les différents acteurs sociaux ont des droits et responsabilités visant à assurer des conditions d’équité minimales pour le développement général de la créativité intellectuelle, de l’innovation technique, de l’utilisation effective des techniques et d’une participation réussie à la société de l’information et de la communication.

 

Illustration tirée du site de Christiane Vienne

http://www.christianevienne.be/wp-content/uploads/2010/03/fracturenumerique.jpg

 

Références

 

Benhamou, Bernard (2003). «Le projet Proxima. Pour une appropriation de l’Internet à l’école et dans les familles». Rapport soumis aux ministres délégués à l’Enseignement scolaire et à la Famille.

 

Caucus Droits de l’homme dans la société de l’information (DHSI) (2003). Pour une société de  l’information et de la communication respectueuse des droits civils et politiques des citoyens comme de leurs droits économiques, culturels et sociaux .

 

Commission européenne. «Les jeunes européens en 2001». Eurobaromètre.

 

Education Week. (2002). «E-Defining Education». Volume XXI, N° 35. http://www.edweek.org/tc02/

 

Fondation Education et Développement, Action de Carême, Communauté de Travail, la Déclaration de Berne, Pain pour le Prochain, Terre des Hommes Suisse (2003). «Quelle information pour quelle société ?»

http://www.globaleducation.ch/francais/pages/SMSI/index.html

 

OCDE (2001). «L’école de demain. Les nouvelles technologies à l’école : apprendre à changer». Centre pour la recherche et l’innovation dans l’enseignement.

 

ONU (2003). Troisième réunion du Comité préparatoire du Sommet mondial sur la société de l’information. http://www.unog.ch/news2/documents/newsfr/m0323f.htm

 

Oxford Internet Survey (2003). «Results of a nationwide representative survey of Britons aged 14 and older» : http://users.ox.ac.uk/~oxis/Presentation.pdf

 

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