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Le droit à l'éducation pour les enfants tziganes
Lettre n°6, juin 2003

 

Sur un terrain de stationnement pour Gens du voyage, à Dijon, l’école Les Voyageurs veille à l’intégration socio-scolaire des enfants tziganes et voyageurs depuis plus d’un quart de siècle. Cette école est un groupe scolaire public mixte de l’Éducation nationale sans aucune distinction par rapport aux autres écoles publiques. Le projet pédagogique de cette école s’inscrit dans une volonté de faire réussir ces enfants en misant sur la nécessaire relation à établir entre culture d’origine et culture scolaire.

Les enfants, qu'ils soient itinérants ou non et quel que soit leur âge, peuvent fréquenter l'école une journée, ou au contraire plusieurs mois consécutifs au cours de la même année. C'est justement cette diversité dans la fréquentation, ce portrait contrasté des niveaux scolaires des enfants, mais aussi leur rapport particulier aux savoirs scolaires et à ses représentants, qui ont incité l'équipe éducative à mettre progressivement en place des stratégies d’apprentissage en relation avec la culture d'origine des familles tsiganes.

La souplesse dans l'accueil, le travail en partenariat avec les familles et l'adaptation des pratiques pédagogiques (différenciées, individualisés et par objectifs) sont autant de facteurs qui favorisent la mobilisation et la réussite scolaire des enfants de passage à l'école «Les Voyageurs». Les actions pédagogiques privilégiées, synonymes d'ouverture dans les apprentissages (contenus et démarches), le respect et la prise en compte de la culture d'origine des enfants et de leur niveau scolaire effectif, ont pour but de valoriser la culture tsigane et de donner du sens à l'école pour les familles. Loin d'être perçus comme des «Gens du Voyage» - une catégorie stigmatisée qu'il faudrait soi-disant réadapter culturellement et socialement - , les enfants, dans cette école, sont pleinement reconnus comme des Tsiganes, possesseurs d’une culture à part entière, d’une histoire, de traditions, d’un mode de vie parfois différent de la majorité et, dans tous les cas, remplis d’attentes face à la scolarisation.

La mobilisation des enseignants et le travail d'expérimentation qui s'y effectue font de cette école un laboratoire pédagogique au service de l'enfant avec son droit à la différence et d’accès égalitaire à la citoyenneté nonobstant un contexte idéologique et politique qui, sous prétexte d'égalité, rend aléatoire le droit à la différence en France. L’école Les Voyageurs se montre résolument à l’écoute de la population tsigane. Conservera-t-elle, en revanche, une écoute aussi attentive de la part de l’Éducation nationale et des collectivités territoriales ? Est-il permis d’imaginer avec optimisme une société réellement interculturelle dans laquelle prévaudront les droits de l’homme ou doit-on craindre l’assimilation culturelle, de tout temps synonyme d’échec et de perte d’identité ? L’avenir le dira.

 

Illustration : Photo tirée du blog « demarchcitoyenne »

http://demarchcitoyenne.skyrock.com/293471457-Tziganes-Manouches-Roms.html


Renseignements : Régis Alviset, directeur de l’école Les Voyageurs, à Dijon. Courriel : ec-voyageurs-21@ac-dijon.fr ; Virginie Repaire, doctorante en sociologie à l’Université René Descartes, Paris-V, la Sorbonne. Elle travaille depuis l’année de licence de sociologie sur la problématique de la scolarisation des enfants tsiganes. Courriel : virginie.repaire@paris5.sorbonne.fr

 

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