Dans son dernier Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous (EPT), l’UNESCO souligne que la crise financière mondiale fait peser aujourd’hui une grave menace sur le droit à l’éducation. Alors que les effets de cette crise continuent de se faire ressentir, il y a un réel danger qu’une grande partie des avancements réalisés ces dix dernières années soient stoppés ou anéantis, prévient-on, en raison entre autres de la montée de la pauvreté, du ralentissement de la croissance économique et de l’accentuation des pressions sur les budgets gouvernementaux.
L’on signale que les engagements d’aide à l’éducation de base ont diminué de 22 %, tombant à 4,3 milliards de dollars en 2007. L’on précise que l’aide ne bénéficie pas toujours à ceux qui en ont le plus besoin. Par exemple, selon le Rapport, certains donateurs continueraient d’attribuer une priorité insuffisante à l’éducation de base. Pour leur part, les pays touchés par des conflits ne reçoivent pas assez d’aide, ce qui compromet leurs perspectives de reconstruction.
En définitive, nous dit l’UNESCO, l’économie mondiale sortira de la récession, mais la crise pourrait créer dans les pays les plus pauvres du monde une génération sacrifiée d’enfants dont les chances dans la vie auront été irrémédiablement compromises par le défaut de protection de leur droit à l’éducation.
Un des principaux constats du Rapport est accablant : si, d’une part, la communauté internationale n’a pas répondu de manière efficace aux défis auxquels sont confrontés les pays les plus pauvres, en revanche, les gouvernements des pays riches et les sommets successifs du G 20 et du G 8 ont déplacé des montagnes financières pour stabiliser les systèmes financiers, mais ont accordé une aide dérisoire aux plus vulnérables. Et l’UNESCO d’ajouter qu’en raison de l’augmentation de la pauvreté, il faudrait vraisemblablement 16 milliards de dollars par an pour réaliser l’enseignement primaire universel et atteindre les autres objectifs de l’éducation pour tous d’ici à 2015. Cette somme, rappelle-t-on, ne représente qu’environ 2 % des montants mobilisés pour sauver tout récemment seulement quatre grandes banques des États-Unis et du Royaume-Uni.
L’UNESCO prévient que lorsque les enfants et les jeunes n’ont plus la possibilité d’apprendre, les progrès dans les autres domaines peuvent en être fortement affectés, qu’il s’agisse de croissance économique, de réduction de la pauvreté, de création d’emplois, de santé ou de démocratie, par exemple. Si on laisse la crise financière créer une génération perdue pour l’éducation, alors on sonnera le glas des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), ces objectifs internationaux fixés pour 2015, et l’avenir de la coopération multilatérale pour le développement sera remis en question, prévient-on.
Et, triste bilan, le Rapport affirme que l’aide internationale à l’éducation continue de pâtir de la faiblesse du cadre multilatéral de coopération. Il est manifeste que, sous sa forme actuelle, son architecture ne permettra pas d’accélérer la progression de l’éducation pour tous, affirme-t-on. De toute évidence, selon le Rapport, cette aide n’a été capable ni d’augmenter la mobilisation des ressources financières à l’échelle voulue ni de maintenir l’éducation au centre de l’agenda international du développement.
Pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouvent de nombreux pays, l’UNESCO propose, notamment, d’intégrer les interventions menées par les organisations non gouvernementales dans les systèmes éducatifs nationaux. On ne peut que se réjouir de cet appel. Mais nombre d’ONG compétentes en la matière ont vu souvent au cours de ces quelques dernières années leurs financements réduits sinon entièrement supprimés. Pour être efficaces, les ONG compétentes ont elles aussi besoin d’aide financière.
Référence :
UNESCO (2010). «Atteindre les marginalisés ». Rapport mondial de suivi sur l’EPT.
http://www.unesco.org/fr/efareport/reports/2010-marginalization/
LIRE, VOIR, ENTENDRE
« Maroc : l'abandon scolaire »
Vidéo de ARTE Info sur l’abandon scolaire au Maroc où, chaque année, 200 000 enfants – surtout des filles – quittent l’école prématurément.
http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/ARTE-info/2887616.htmléchiffrer
« Déchiffrer la violence »
Entretiens filmés avec le sociologue et historien Laurent Mucchielli. Décryptage des énoncés politiques relatifs à l’évolution de la délinquance et dévoilement du mode de production des chiffres officiels.
http://laviedesidees.fr/Dechiffrer-la-violence.html
« Dictionnaire des droits de l’homme »
Ouvrage de référence de 274 articles rédigés par 185 auteurs. Cet ouvrage se veut un point de rencontre de la réflexion théorique, juridique et philosophique, pour permettre de comprendre et d'approfondir les multiples et complexes questions des droits de l'homme. Interview.
http://www.canalacademie.com/ida3811-Le-Dictionnaire-des-droits-de-l.html
« Manuel pour la pratique de l’éducation aux droits de l’homme avec les enfants »
Une initiative du Conseil de l’Europe qui propose aux enfants, aux éducateurs, aux enseignants et aux parents, des activités et des méthodes pour aborder les droits de l’homme. Téléchargement en ligne.
http://www.eycb.coe.int/compasito/fr/contents.html
Illustration : page couverture du Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2010, tirée du site de l'UNESCO http://www.unesco.org/fr/efareport/reports/2010-marginalization/