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La violence à l'école, quelques études, quelques exemples
Lettre n°4, mars 2003

 

Faisant état de recherches sur les élèves et les agressions aux Pays-Bas, Ton Mooij (1998) examine les variables environnementales du comportement antisocial. Au nombre de celles-ci, notons :

  • les relations familiales dans les processus éducatifs de la prime enfance. À titre d’exemple, Mooij évoque la relation mère-nourrisson, et en particulier la tendance de la mère à s’intéresser positivement à l’enfant et à soutenir son développement vers l’indépendance. À l’opposé, la tendance à dominer et à infliger des punitions dures aux enfants entraînerait le développement de comportements antisociaux ;

  • les méthodes d’évaluation des apprentissages, les dispositifs didactiques et les approches pédagogiques influent sur le comportement des élèves. Quand la méthode d’évaluation des apprentissages est basée sur la performance comparative des élèves, souligne Mooij, les résultats négatifs signifient que certains d’entre eux ne pourront pas réussir. Le sentiment d’isolement, qui en découlerait, constituerait un terreau fertile pour le développement de comportements violents ;

  • l’influence des camarades et la dynamique de groupe ;

  • les caractéristiques du quartier où se trouve l’école : le tissu socioculturel et économique, la nature, les caractéristiques et la quantité des contrôles sociaux ;

  • l’importance accordée au pouvoir et aux performances, à la virilité (machisme) et au sensationnalisme.

 

Mooij ajoute qu’à la lumière de recherches utilisant différentes analyses multivariées, il appert que le fait d’être un garçon, d’être plus extraverti, d’être plus importun, de rencontrer peu de professeurs ayant un comportement positif et d’être scolarisé dans un établissement scolaire secondaire à niveau plus faible, sont des variables pertinentes qui expliquent pourquoi et comment on devient initiateur de violence.


Des recherches conduites en Suède (Lindström et Campart, 1998) indiquent que les garçons sont bien plus nombreux que les filles comme victimes et comme auteurs de violence et un pourcentage substantiellement important des auteurs d’actes violents disent ne pas avoir une relation très positive avec leurs parents.


Une étude conduite auprès d’élèves allemands des ordres primaire et secondaire (Walter Funk, 1998) identifie les principaux déterminants de la violence à l’école :


  • les traits de personnalité de l’élève : plus celui-ci se sent isolé plus il est partie aux bagarres; par ailleurs, plus un élève est consciencieux, moins grands sont les risques de commettre des gestes violents;

  • les attitudes parentales : plus les parents offrent un bon encadrement à leurs enfants, moins grandes sont les chances pour eux de développer des comportements violents;

  • le voisinage et le quartier : plus les élèves ont une perception positive de leur environnement social, moins ceux-ci commettent des actes de vandalisme à l’école;

  • les groupes de pairs : les actes de vandalisme seraient plus fréquemment commis par des groupes informels de pairs que par des élèves inscrits dans des groupes structurés d’activités parascolaires;

  • Les élèves ayant le sentiment de bien réussir à l’école auraient moins tendance à être violents que ceux qui ont le sentiment de se trouver dans des situations d’échec scolaire.

 

Enfin, W. Funk aborde la question de l’influence des médias sur les comportements. À ce chapitre, il y aurait une corrélation très nette entre le fait d’être exposé à la violence par les films, vidéos, etc., et celui d’être violent à l’école (insultes, bagarres, vandalisme, brimades - «bullying» - et harcèlement sexuel). Avant d’atteindre l’adolescence, signale pour sa part le Conseil de l’Europe, l’enfant aura été témoin de milliers de meurtres et d’actes violents, simplement en regardant la télévision (1).


Aux États-Unis, de nombreuses études ont été réalisées sur la violence scolaire dont plusieurs, ces dernières années, ont porté sur les manifestations de violence criminelle (2). Ce que l’on peut dire à cet égard, à la lumière de récentes enquêtes, c’est que les actes de violence de cette nature sont surtout commis par des adolescents de sexe masculin appartenant à des minorités ethniques. Même si, d’autre part, les actes criminels paraissent en régression aux États-Unis (3), cette constatation ne dispose pas de la question de la violence scolaire dans ses multiples et moins dramatiques situations. À ce chapitre, il est mentionné que des données fiables doivent être collectées à l’échelle locale en vue de permettre aux autorités d’établir des plans d’action efficaces pour contrer la violence scolaire (4).


Au Japon, pays longtemps perçu comme un endroit où la discipline des élèves faisait l’admiration de nombreux observateurs occidentaux, la situation semble avoir changé au point où certains vont jusqu’à parler de l’effondrement de la salle de classe («classroom collapse»). Un récent rapport du National Institute for Educational Policy Research indique que la moitié des écoles secondaires du pays ont connu des actes de violence, des problèmes de prostitution juvénile et une augmentation du taux d’abandon scolaire (5). Les causes explicatives de ces phénomènes semblent prêter à des interprétations divergentes. Les parents montreraient du doigt les enseignants pour leur manque d’autorité, d’autres constateraient leur manque de formation pour faire face à la situation. Certains enseignants, d’autre part, reprocheraient aux parents leur trop grand laxisme à l’endroit de leurs enfants désormais contestataires annoncés de l’autorité parentale.


Illustration : Dessin de Jipad, tiré du site Jipad

http://www.jipad.fr/violence-a-lecole.php

 

 

Références

 

* Extrait d’une note de synthèse préparée par Jean Hénaire pour le compte du ministère de l’Éducation du Québec

 

Référence

 

Funk, Walter (1998). «Determinants of Verbal Aggression, Physical Violence and Vandalism in Schools». European Conference on Educational Research, Ljubljana, septembre, 17-20. Lindström, P. et M. Campart (1998). «Brimades et violences dans les écoles suédoises». Revue française de pédagogie, n° 123, 79-91. Mooij, Ton (1998). «Élèves et agressions aux Pays-Bas». Revue française de pédagogie, n° 123, 47-61.

 

Notes de bas de page


(1) «Les leçons de la violence». Symposium sur les réponses des politiques jeunesse à la violence quotidienne. Centre européen de la jeunesse, Budapest, 28-30 octobre 2002. (retour)

 

(2) Voir : National Center for Juvenile Justice (1999). «Juvenile Offenders and Victimes».
En ligne : http://www.ncjrs.org/html/ojjdp/nationalreport99/toc.html (retour)

 

(3) Voir : NCES, «Indicators of School Crime and Safety», 2001. En ligne: http://nces.ed.gov/pubs2002/crime2001/index.asp (retour)

 

(4) Lam-Yip, Pamela (2000). «Youth Violence in United States and in Texas».
En ligne : http://www.tlc.state.tx.us/tlc/research/facts/youthviolence.htm (retour)

 

(5) «In japanese schools, disorder spreads». International Herald Tribune, 24 septembre 2002.
En Ligne : http://www.iht.com/articles/71497.html (retour)


 

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