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L'école face aux dogmes
Lettre n°39, avril 2007

Tyr

Depuis une trentaine d’année au moins, le profil de l’École nord-occidentale est tracé par les dogmes conservateurs et marchands.

 

Au nombre des dogmes qui refont surface, notons cette volonté affichée d’imposer la notation des élèves tout au long de leurs parcours scolaires. Même si la notation est une croyance qui ne résiste pas à l’analyse en matière d’efficacité pédagogique, elle s’impose aux yeux de l’opinion comme une assurance contre l’échec scolaire. Nous l’avons bien vu récemment dans le canton de Genève, lors d’un referendum où une large majorité des votants ont plébiscité le retour aux notes à l’école.

 

Au motif surtout que les classes mixtes réussiraient mal aux garçons, voilà que l’on se met à penser que les classes unisexes – voire les écoles - pourraient être la solution aux problèmes scolaires des représentants du sexe fort. Aux États-Unis, l’administration Bush vient d’ailleurs d’autoriser -  voire d’encourager - la création d’écoles de filles et de garçons. Ce que l’on ne dit pas, c’est que la réussite des filles semble inquiéter passablement le vieux fond machiste des néo-conservateurs.

 

Autre dogme : la mise sur le même pied de la théorie darwinienne de l’évolution et de l’idéologie créationniste qui cherche à s’imposer (sous les nouveaux habits du « dessein intelligent » -Intelligent Design en anglais -) aux États-Unis, mais aussi en Europe, notamment en Grande-Bretagne aux Pays-Bas et en Pologne. Les tenants de cette idéologie soutiennent que le modèle scientifique traditionnel de l'évolution par voie de sélection naturelle ne suffit pas pour rendre compte de l'origine, de la complexité et de la diversité de la vie, qu'il existe des exemples de complexité irréductible qui ne peuvent être expliqués par la théorie darwinienne de l’évolution.

 

D’autre part, depuis les années 80, les orientations de l’éducation sont largement influencées par des organisations internationales à vocation économique – en particulier l’OCDE et les institutions de Bretton Woods - dont les politiques internes des États se font le relais, assurant du coup la meilleure adéquation possible de l’École aux impératifs de l’économisme ambiant - credo des décideurs et des planificateurs de l’éducation inscrits dans une logique de concurrence. C’est dans cet esprit que l’idéologie du testing  a pris son envol puisqu’elle participe au dispositif de tri social mis en œuvre à l’école et qui permet de distribuer, d’après les résultats obtenus, les élèves - ces futurs travailleurs - dans des voies de formation qui sont autant de formes de sélection et d’élimination avant la lettre des forces du travail.

 

Le fait de bien caser les élèves, de les trier par performances, par sexes et par croyances constitue une régression inquiétante de l’éducation démocratique pour tous sans discrimination aucune. Devant cette offensive conservatrice et réactionnaire, il est temps de redécouvrir les classiques de la pédagogie de la coopération, de la solidarité et de l’intérêt de l’enfant et de dénoncer sur le terrain les abus de langage et d’autorité.

 

Illustration : Dessin de Chaunu tiré du site de Claude Rochet

http://pagesperso-orange.fr/claude.rochet/ecole/accueil.html

 

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