Le 8 septembre 2000, l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait la Déclaration dite du Millénaire. Au-delà du scepticisme que génère ce genre d’actes – combien en effet de déclarations sont restées lettre morte – la Déclaration du Millénaire est néanmoins importante. En effet, cette Déclaration consacre des valeurs qui doivent sous-tendre les relations internationales du 21e siècle : la liberté, l’égalité, la solidarité, la tolérance, le respect de la nature et le partage des responsabilités. Partant de là, cette Déclaration assigne à la communauté des États membres un certain nombre d’objectifs à atteindre. À cet égard, les Chefs d’État et de gouvernement ont proclamé que d’ici à 2015 « les enfants partout dans le monde, garçons et filles, seront en mesure d’achever un cycle complet d’études primaires et que les filles et les garçons auront à égalité accès à tous les niveaux d’éducation ». Objectif ambitieux et vague à la fois. À la lecture du premier rapport du Secrétaire général sur l’application de la Déclaration du Millénaire, il semble d’ores et déjà certain que cet objectif ne sera pas atteint. Tout en notant que « presque toutes les régions ont enregistré des progrès dans la mise en place de l’enseignement primaire pour tous », Kofi Annan relève qu’il « ne devrait pas être possible d’atteindre les objectifs en matière d’éducation pour 2015 ». Et sa conclusion vaut plus particulièrement pour l’Afrique subsaharienne.
Ce constat d’échec nous amène à revenir à la Déclaration elle-même qui, de notre point de vue, semble souffrir d’un problème de mise en perspective des objectifs retenus. Elle les juxtapose au lieu de les hiérarchiser. Tous sont nobles, mais des priorités doivent néanmoins être dégagées en fonction des relations que ces objectifs entretiennent. De ce point de vue, il nous semble évident – et nous ne cessons de le répéter – que l’accès à l’éducation au sens de la Déclaration universelle des droits de l’homme conditionne l’ensemble des autres objectifs.
Si l’on reprend les objectifs fixés par la Déclaration du Millénaire, il est facile de voir que l’éducation en est un socle indispensable. Que ce soit en matière de lutte contre la pauvreté et les pandémies comme le SIDA, de protection de la nature, de partage des responsabilités ou de la jouissance de tous les droits de l’homme, rien n’est possible faute d’accès à l’école et au savoir. Il est peut-être temps que les politiques des organisations internationales et des États s’imprègnent de cette évidence pour faire de l’école une haute priorité politique.