Une récente étude réalisée par deux chercheurs de l’Université de Londres pour le compte de l’Internationale de l’éducation met en lumière la privatisation rampante de l’enseignement public.
Selon les auteurs de l’étude, la privatisation emprunte deux voies complémentaires l’une de l’autre. D’une part, les idées, les techniques et les pratiques en vogue dans le secteur public de l’éducation proviennent du monde de l’entreprise privée. D’autre part, l’éducation publique s’ouvre de plus en plus au secteur privé par le biais de la sous-traitance et des partenariats public-privé. L’octroi de contrats pour l’entretien des écoles, les service de cantine et la formation professionnelle sont de bons exemples de la mainmise progressive du privé sur l’École publique, de l’école maternelle jusqu’à l’université.
La privatisation de l’éducation induit la commercialisation de celle-ci. Par exemple, aux États-Unis, depuis l’adoption de la loi « No Child Left Behind », 45 millions de tests de performance des élèves ont été administrés, ce qui représenterait un bénéfice de plus de 500 millions de dollars pour le secteur privé, peut-on lire dans le magazine Mondes de l’éducation. Il n’y a pas qu’aux États-Unis d’Amérique que le phénomène est observable. Il n’y a pas un continent qui y échappe.
Le terme même de « réforme » de l’éducation cache souvent des intentions inavouées, telles la mise en place d’un système de concurrence entre les établissements, la réduction des budgets alloués à l’enseignement public et la réduction du nombre de postes d’enseignants. Dernière en liste de ces réformes : celle décrétée par le gouvernement de Silvio Berlusconi, en Italie. Ce ne sont pas uniquement l’éducation et les services éducatifs qui subissent ces tendances à la privatisation, mais la politique éducative elle-même qui est en voie de privatisation, fait-on justement remarquer (1). Une politique qui, par exemple, a conduit des écoles anglaises à être administrées par des entreprises privées. On peut dire que ces dernières ont de beaux jours devant elles.
Références
Ball, Stephen et Youdell, Deborah (2007). « Hidden privatisation in public education ». (téléchargeable en anglais, en espagnol et français)
http://www.ei-ie.org/researchcentre/en/studies.htm
Catlaks, Guntars (2008). « La privatisation déguisée menace l’éducation publique ». Mondes de l’éducation, septembre, N° 27. Internationale de l’éducation.
http://www.ei-ie.org/fr/article/show.php?id=96&theme=gats
Youdell, Deborah (2008). Hidden Privatisation in Public Education. AEU/TAFE meeting and Federal Conference. Sydney, enero.
http://www.aeufederal.org.au/Media/Speeches/DYoudell2008.pdf
BBC. « Protests over Italy school reform ». Octubre 2009.
http://news.bbc.co.uk/2/hi/europe/7698321.stm
Pour des raisons indépendantes de notre volonté, la rédaction de la Lettre de l’EIP a du être interrompue un certain temps. Nous nous excusons de cet inconvénient auprès de notre fidèle lectorat. Nous espérons pouvoir revenir à une périodicité convenable dès que possible, à une époque où le États achètent les faillites des banques et coupent les subventions aux ONG.
(1) http://fqppu.org/themes/organisation-gestion/La-table-des-partenaires-universitaire-TPU-fait-mouche-au-Forum-social-quebecois-avec-son-atelier/page-sans-titre1.html
En la imagen: ¡Socorro! ¡ Quieren vender la escuela!
Ilustración : Sud éducation Manche