La situation socio-politique que vit la Côte d’Ivoire ces derniers mois (depuis le mois de novembre) compromet gravement le droit à l’éducation.
En effet, l’éducation, qui reprenait la voie de la normalité après les difficultés consécutives à la crise de 2002, a été replongée dans une incertitude inquiétante depuis la crise post électorale.
En vue de limiter l’impact de cette crise sur le long terme, des efforts doivent être consentis en vue de minimiser l’impact de la crise sur l’école spécifiquement et l’éducation en général.
Ce qui suit a pour vocation d’attirer l’attention sur les conséquences de la crise actuelle sur l’école et faire des recommandations pour remédier à une aggravation de la situation de l’éducation.
I- Les atteintes au droit à l’éducation
Ces atteintes sont aussi bien relatives à l’accès à l’éducation qu’à la qualité de l’enseignement dans le contexte de la crise postélectorale.
A- L’accès à l’éducation
Le droit à l’éducation est un droit absolu pour tous les enfants. Il devrait donc être protégé en toutes circonstances. En Côte d’Ivoire, l’effectivité de ce droit, est réellement compromise par la crise postélectorale qu’elle vit depuis novembre 2010. Selon l’Unicef, huit cents mille enfants n’ont pas accès à l’éducation depuis le déclenchement de la crise post électorale. Cet état de fait est dû, entre autres, à la fermeture des écoles dans certaines zones et aux déplacements massifs de la population scolaire pour échapper à la violence du conflit.
La fermeture des écoles et les déplacements d’élèves vers d’autres localités
Vu la situation dans les zones Centre Nord Ouest, de nombreuses écoles ont été fermées et les élèves ont décidé de migrer vers la zone gouvernementale où un certain nombre de mesures ont été prises pour les accueillir. Ces mesures visent, pour l’essentiel, à sauver l’année scolaire. Il s’agit notamment du système des écoles relais qui consiste à réintégrer les élèves déplacés dans des écoles d’accueil. Ainsi, environ cinq mille (5 000) élèves ont été réintégrés dans deux écoles d’accueil à Abidjan et à Daloa (centre ouest). Malgré ces mesures, la qualité de l’école n’est nullement garantie.
B- La qualité de l’enseignement
Elle est remise en cause par la défection de certains enseignants, par le surpeuplement des classes dû au déplacement massif des élèves et à la situation générale d’insécurité.
1. La défection des enseignants
L’insuffisance de ressources humaines dans le secteur éducatif est accentuée avec la crise postélectorale. Beaucoup d’enseignants ont décidé de boycotter les cours, ce qui a pour conséquence un manque important de personnel enseignant.
2. Le surpeuplement des classes
La forte population scolaire déplacée et réintégrée dans des établissements d’accueil en zone gouvernementale constitue un surcroit d’élèves dans les classes, déjà largement surpeuplées. Cette situation pose un problème réel de suivi éducatif.
3. La situation générale d’insécurité
Avec la crise, les populations vivent dans une atmosphère de permanente angoisse. Les rumeurs, les mesures de sécurité brusques et les affrontements réguliers dans certaines zones sensibles tels que Abobo, Koumassi, Yopougon, Anyama à Abidjan sont autant d’événements graves qui empêchent l’effectivité des cours. En effet, l’on note des cessations impromptues des cours pour des raisons de sécurité. Ce qui conduira certainement à une exécution partielle du programme scolaire avec tout ce que cela comporte comme accumulation de lacunes pour les élèves.
Recommandations à tous les protagonistes au conflit
Marie-Gisèle Soho, EIP-CI