Comment empêcher ce glissement vers cette volonté de détruire? Et surtout d’empêcher qu’il ne soit trop tard lorsque l’esprit se ferme à toute écoute et bascule dans la folie meurtrière.
Selon le sociologue Edgar Morin, « en temps même de paix peut se développer une forme extrême de l’esprit de guerre, qui est le fanatisme. » Et il ajoute que « Celui-ci porte en lui la certitude de vérité absolue, la conviction d’agir pour la plus juste cause et la volonté de détruire comme ennemis ceux qui s’opposent à lui ainsi que ceux qui font partie d’une communauté jugée perverse ou néfaste, voire les incrédules (réputés impies). » Or, se demande le philosophe, comment devient-on fanatique? Nul ne naît fanatique, pose-t-il. Il peut le devenir progressivement, poursuit-il, s’il s’enferme dans des modes pervers ou illusoires de connaissance. Il en est trois qui sont indispensables à la formation de tout fanatisme, précise-t-il : le réductionnisme, le manichéisme, la réification. Et l’enseignement devrait agir sans relâche pour les énoncer, les dénoncer et les déraciner. Car déraciner est préventif alors que « déradicaliser » [sic] vient trop tard, lorsque le fanatisme est consolidé.