Le système éducatif béninois à l'épreuve des grèves intempestives

En 2011, il n’y a pas eu de grève des enseignants du primaire, du secondaire et du supérieur  comme en 2010. Le concours du clergé catholique en juin 2011 a permis d’obtenir une entente qui a assuré jusque-là une accalmie au sujet des revendications.

Toutefois, la rentrée des classes en octobre pour l’année académique 2011-2012 s’est presque déroulée dans les mêmes conditions que l’année précédente. L’éternel problème de manque d’infrastructures et de personnel enseignant  demeure le lot quotidien des usagers de l’école. La gratuité des classes décrétée par  le politique n’est pas accompagnée de moyens conséquents pour permettre de bonnes conditions d’étude. Les effectifs sont pléthoriques dans les classes parce qu’il y a manque d’infrastructures d’accueil. A Parakou, un apprenant a perdu la vie suite à l’effondrement des murs d’une salle de classe et nombreux de ses collègues portent des séquelles de ce drame.

Par ailleurs, l’appropriation du nouveau programme par tous les usagers de l’école laisse à désirer.  L’année 2012 devrait être, selon certains enseignants, l’année de sa généralisation. Le programme intermédiaire devant prendre fin et les élèves de classe terminal doivent composer au baccalauréat  pour le nouveau programme. Mais il semble que cela ne sera pas possible parce que les matériels nécessaires n’existent pas, le nombre  d’enseignants est insuffisant pour respecter la mise en œuvre du nouveau programme.

D’ailleurs, l’interpellation du Gouvernement  par les députés pour s’informer  sur la mise en œuvre et  la vulgarisation du Plan Décennal de Développement du Secteur de l’Education (PDDSE) et  pour comprendre les mesures prises par l’Exécutif  pour une meilleure coordination de la consommation des crédits mis à la disposition du Bénin par les partenaires techniques et financiers a permis d’avoir un bilan sur l’état des lieux de l’éducation nationale au Bénin. A la séance plénière  du jeudi 15 décembre 2011,  le Gouvernement,  à travers le Ministre de l’enseignement maternel et primaire,  Eric Kouagou N’da, a déclaré que pour l’éducation nationale au Bénin, 50% des enseignants exerçant au primaire sont qualifiés en 2010 et seulement  27, 3% le sont au secondaire. Selon le ministre qui intervenait au nom des trois ordres de l’enseignement, les résultats atteints montrent qu’au niveau de l’enseignement maternel et primaire, il y a un accroissement du pourcentage des enseignants qualifiés de 45% en 2006 à 50% en 2010.

Il y a aussi un accroissement  du taux de succès au Brevet d’Etude du Premier Cycle ( BEPC), de 40,15% en 2006 à 46% en 2010.  Grâce au plan décennal de développement du secteur de l’éduction, il y a une forte croissance de l’effectif  des élèves au niveau de tous les sous- secteurs. Le taux brut de scolarisation au primaire  est de 110% et présage de l’atteinte de l’objectif de la scolarisation universelle en 2015, pense le gouvernement.

De grandes réformes ont été engagées  et des actions de grande envergure ont été menées dans le secteur de l’éducation, tant dans le public que dans le privé. Il s’agit entre autres : de  la gratuité de l’enseignement primaire ; de la refonte des modalités d’octroi de subventions aux écoles, du reversement de 8500 enseignants communautaires au cours primaire et 4099 contractuels locaux au cours secondaire. Il y a aussi la gratuité de l’inscription pour les filles au cours  secondaire général et  la  gratuité de l’inscription dans les facultés et écoles de l’enseignement supérieur public.

Ces efforts sont cependant insuffisants selon les députés. Ils ont simplement conclu que le système éducatif béninois est malade. Car il est courant de voir, par exemple, l’étudiant formé en sociologie devenir professeur de français de philosophie et  intervenir en classe de terminale au cours secondaire. Au niveau de l’enseignement primaire, les enseignants auraient un mauvais niveau et cela joue contre les enfants. Le système éducatif est caduc selon les députés.  Ils ont alors proposé  une synthèse nationale de tous les programmes d’éducation et la tenue des états généraux sur le système éducatif.

Au supérieur, la situation des étudiants n’est pas reluisante. Au-delà de l’inadéquation des programmes avec les besoins et le marché de l’emploi, il n’est pas rare de constater que  plus d’un millier d’étudiants attendent dans la cour que leurs camarades finissent les cours pour s’installer à leur tour.

Cependant, on note au niveau des enseignants du supérieur une amélioration de leur train de vie grâce à la revalorisation de leur salaire à la fin de l’année dernière après de hautes luttes. Certains ont renouvelé leurs moyens de transport et ne sont plus souvent absents ou préoccupés par des réunions sur les revendications. 

Vincent ADANVOESSI

EIP- Bénin