Pour une éducation démocratique

Tiré de Éduquer aux droits humains Repères et mise en situation, No1 Collection Dossiers pédagogiques, École instrument de paix


Le socle d’une éducation démocratique, c’est l’égalité en dignité et en droits de tous les êtres humains. Cette notion d’égale dignité est inspirée de la grande tradition européenne de l’humanisme et du droit naturel. Elle a non seulement influencé la formulation du droit positif contemporain, mais aussi les idées pédagogiques. Au plan éducatif, l’égalité en droits peut être examinée sous les aspects, notamment, de l’égalité d’accès à l’enseignement, de l’égalité des chances dans le parcours scolaire ainsi que de l’égalité de traitement dans la relation éducative, le dispositif pédagogique, l’évaluation et les lieux d’enseignement.

Toute personne est un sujet de droit dans la société. Ce statut est celui de tous les membres d’une communauté scolaire. Il fonde la relation avec les institutions. L’éducation aux droits humains rappelle que le processus d’apprentissage doit permettre aux élèves de comprendre leur qualité de citoyen en la cultivant déjà dans l’école.

Principes

Dignité

Liberté

Réciprocité

Sécurité de la personne

Connaissance des normes

Transparence

Respect

Garanties de recours

Climat démocratique

Liberté d’accès à l’information

 

Dignité

La dignité est un sentiment personnel, qui témoigne aussi de la reconnaissance de l’entourage ou de la société. Tout enseignement et tout lieu d’enseignement doivent être organisés dans le respect de la dignité des personnes qui y participent. Cette notion indique aussi l’importance d’une authentique écoute de l’expression des membres d’une communauté scolaire, puisqu’il n’est pas possible de décréter la dignité d’autrui.Haut de page

Liberté

Que de débats autour de ce mot fétiche! En pédagogie, c’est l’ouverture à la créativité, à l’expression; c’est la prise de parole régulée. Cela entraîne aussi des risques car la revendication de la liberté peut susciter une possible remise en cause de valeurs, d’attitudes, de l’autorité. Mais la liberté est à ce prix puisque sans elle, l’éducation aux droits humains perd tout fondement.Haut de page

Réciprocité

Même s’il y a asymétrie de pouvoir entre l’enseignant et l’enseigné, celle-ci ne doit pas être le prétexte à abus de pouvoir. L’élève a droit d’être entendu et respecté. L’inverse est aussi vrai. Le respect de l’élève, de ses droits, implique celui des enseignants et de tous les membres et partenaires de la communauté scolaire.Haut de page

Sécurité de la personne;

L’instauration d’un climat de confiance permet de laisser libre cours à l’expression, à la créativité, voire à la confrontation des idées. Pour cela, la sécurité personnelle de tous les acteurs d’une communauté scolaire est essentielle. Ce principe est au nombre de ceux qui font la particularité de l’éducation aux droits humains. C’est aussi un critère d’évaluation du respect porté les uns aux autres dans une collectivité ainsi qu’un indicateur de l’égalité de libertés aux yeux de ses membres.Haut de page

Connaissance des normes

La particularité de l’éducation aux droits humains est sa référence aux textes juridiques. Une éducation qui ferait simplement allusion aux grands principes moraux, sans présenter leur traduction dans des normes juridiques et des institutions d’application ne pourrait être considérée comme une éducation aux droits humains. La connaissances des textes garantissant les droits et des usages que l’on peut en faire est un élément fondamental d’une éducation aux droits humains.Haut de page

Transparence

Dans les pratiques éducatives, il faut aussi que les règles soient explicitement formulées et légitimées. C’est-à-dire que toute communauté éducative, que ce soit la classe ou l’établissement scolaire dans son ensemble, opère avec des règles qui doivent être connues. Cela exige la transparence.Haut de page

Respect

L’élève est la raison d’être de l’institution scolaire. Toutefois, sa position d’apprenant le place souvent dans une situation de dépendance par rapport aux savoirs. Mais il doit toujours pouvoir recevoir le message du respect de sa personne dans son parcours de formation. Haut de page

Garanties de recours

L’une des garanties des droits de l’homme est l’existence de recours permettant à l’individu de se faire entendre lorsqu’il pense que ses droits ne sont pas respectés. Au plan scolaire, il faut aussi de tels recours pour que les membres d’une communauté éducative puissent faire connaître leurs griefs, s’il y a lieu.Haut de page

Climat démocratique

A l’école, le fait d’instaurer un véritable climat démocratique signifie que les questions de pouvoir peuvent être discutées. Ses membres sont soumis aux règles générales de la société : c’est le premier niveau de rapport aux droits fondamentaux. L’école n’est donc pas "hors de la société". Malgré les obligations légales particulières des établissements, il est possible et souhaitable d’instaurer des modes de fonctionnement qui respectent et tiennent compte des intérêts des différents membres de la communauté scolaire.Haut de page

Liberté d’accès à l’information

La liberté d’accès à l’information est une des conditions de l’exercice des autres droits. On y retrouve plusieurs mentions dans les textes des droits de l’homme, notamment dans la Convention relative aux droits de l’enfant. Le personnel et les élèves doivent pouvoir disposer de toute l’information nécessaire à la bonne marche de leurs activités respectives.Haut de page

La participation

La participation des différents acteurs à la vie d’une communauté scolaire peut emprunter différentes formes et couvrir divers sujets, y compris le contenu du curriculum. Cela dépend des conditions et de l’orientation du lieu d’enseignement. La participation est un signe de vitalité démocratique.Haut de page

La liberté est un combat

"Le sentiment de la liberté intérieure, au moins dans mon cas, c’est une lutte permanente contre soi-même, contre ses passions, contre ses faiblesses. Et je ne suis pas de ceux qui disent ni " j’ai atteint la sérénité " ni " j’ai atteint une totale liberté intérieure ". En ce sens, je dirai que la liberté au fond de soi-même, elle n’est jamais acquise que par un effort toujours renouvelé. Par rapport à la société, la liberté dans l’abstrait et dans l’absolu ne signifie rien. Il n’y a pas de société qui ne limite le droit de chacun de faire ceci ou cela. La question est de savoir si les limitations que toute société impose à la liberté de chacun sont d’une part codifiées, légalisées, si l’arbitraire de la police et des gouvernants est réduite à des dimensions tolérables; et si certaines libertés précises (liberté d’écrire, liberté de protester, liberté de voter, liberté de contribuer à la vie politique...), la question est de savoir si ces libertés fondamentales sont assurées et resteront assurées".

Raymond Aron

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